Objectifs Retraités
Être senior ne signifie en aucun cas que l’on peut désormais se passer de gérer son patrimoine ou qu’il est trop tard pour le faire. S’il est indispensable tout au long de sa vie active de préparer sa retraite, il est également nécessaire une fois celle-ci arrivée, de se préoccuper de ses finances, en prenant bien en compte les caractéristiques liées à cette période.
Découvrez dans cet article l’ensemble des thèmes relatifs à la gestion de patrimoine abordés dans une optique senior. Tirer profit du patrimoine accumulé, investir, emprunter, léguer : quelles solutions pour les seniors ?
Les seniors ont souvent, sur les jeunes actifs, l’avantage de pouvoir compter sur un patrimoine accumulé tout au long de la vie. Qu’il soit immobilier, financier, un mix des deux, il existe différents moyens de tirer profit de ce capital que nous détaillons pour vous.
Mettre en place un viager pour tirer des revenus de son patrimoine immobilier :
Les seniors sont très souvent propriétaires de leur résidence principale. Ils peuvent donc se constituer des revenus supplémentaires tout au long de leur retraite en optant pour le viager. Cette solution qui consiste à céder son bien à un tiers contre le versement d’une rente jusqu’au décès permet de conserver l’usufruit du bien et donc sa jouissance. Notez également qu’au moment de la transaction, l’acheteur s’acquitte d’un « bouquet » correspondant plus ou moins au quart du prix du bien. Le montant de la rente varie selon plusieurs critères et notamment l’âge du vendeur (plus il est jeune, moins la rente est importante).
Le viager constitue donc pour un senior, un moyen de percevoir un revenu complémentaire, fixe, régulier, tout en continuant à occuper son logement. Sachez aussi que la rente viagère bénéficie d’un régime fiscal avantageux : seule une fraction variable selon l’âge du vendeur (plus le bénéficiaire est âgé, plus l’abattement est important) est imposable à l’impôt sur le revenu (IR).
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Tirer une rente de ses placements financiers pour la retraite
Il existe de nombreux placements financiers qui permettent une sortie sous forme de rentes pour faire grossir ses revenus une fois à la retraite.
Le contrat assurance vie
L’assurance-vie, enveloppe ultra populaire et véritable couteau suisse de l’épargne, permet de mettre des sous de côté en vue de nombreux projets et notamment celui du financement de sa retraite. D’ailleurs, il est possible de sortir de ce placement sous forme de rente ou non. Et la fiscalité des rachats est particulièrement avantageuse.
Rappelons que vous pouvez lors d’un rachat partiel ou total, choisir l’imposition selon le barème de l’impôt sur le revenu ou le prélèvement forfaitaire ou Flat Tax. Pour les contrats de plus de 8 ans, la Flat Tax ne s’applique pas (hormis pour les encours en assurance-vie de plus de 150 000 euros pour une personne seule et 300 000 euros pour un couple), et vous devrez vous acquitter d’une taxation à 7,5 % + 17,2 % de prélèvements sociaux, soit une taxation totale de seulement 24,7 %. De plus, au-delà de 8 ans de détention, vous bénéficiez chaque année d’un abattement de 4 600 € pour une personne seule et de 9 200 € pour un couple.
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L’épargne retraite
Vous pourrez aussi, pour gonfler votre pension de retraité, compter sur les produits de l’épargne retraite et notamment sur les supports qui vous auront permis de bénéficier d’un abondement de la part de votre employeur à l’instar du Plan d’Epargne Retraite Collectif ou PERCO et les contrats « article 83 ». La mise en place avec la loi Pacte d’accords types d’intéressement et de participation rendront d’ailleurs la pratique plus aisée.
Les travailleurs indépendants pourront eux compter sur le contrat Madelin qui permet de déduire des bénéfices imposables les cotisations versées au titre de l’assurance vieillesse (avec un plafond tout de même).
Pour tous, le PERP constitue également une solution d’épargne longue dédiée à la retraite pour laquelle les versements sont déductibles du revenu net imposable avec, là encore, des plafonds définis.
Pour l’ensemble de ces supports, les fonds sont débloqués à la retraite et peuvent être versés sous forme de capital ou de rente.
La loi Pacte change la donne en matière d’épargne retraite et facilite la portabilité pour que le placement choisi soit alimenté tout au long de la vie active du travailleur, quelle que soit l’évolution de sa situation professionnelle. La loi Pacte prévoit aussi la création du Plan Épargne Retraite (PER).
Découvrir notre dossier Comment bien préparer sa retraite
L’investissement locatif
Si vous avez pris le soin d’investir dans l’immobilier locatif durant votre vie active, vous pouvez aussi compter sur les revenus issus de l’investissement locatif. Mais vous pouvez aussi, une fois à la retraite, acquérir un bien pour le louer. Et ce, sans même avoir à débourser un centime en réglant les mensualités de votre crédit avec les loyers perçus. Au bout de quelques années, une fois votre crédit immo remboursé, vous pourrez alors profiter des revenus complémentaires que confèrent ce type de placement. En effet, comme nous le verrons par la suite, il est possible pour un senior d’emprunter.
La location meublée semble la plus judicieuse. Elle permet en effet non seulement de louer plus cher le bien, mais aussi de bénéficier d’une durée de préavis moindre que dans le cas de la location vide, le montant de la caution est également plus élevé et, enfin, elle permet grâce au statut LMNP (Loueur Meublé Non Professionnel) de bénéficier d’une fiscalité favorable. De fait, l’imposition des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) de la location meublée est bien plus avantageuse que celle des revenus fonciers, notamment grâce à la déduction de tous les frais d’acquisition et des amortissements sur 30 ans.
Vous ne souhaitez pas investir dans un bien immobilier car vous jugez le coût d’acquisition trop élevé et/ou ne souhaitez pas vous occuper de la gestion du bien ? L’investissement en SCPI constitue une solution alternative judicieuse. Le ticket d’entrée est relativement faible et les parts détenues vous permettront également de vous assurer un revenu complémentaire.
La retraite ne marque pas la fin de ses investissements et être un senior ne dispense pas d’investir en vue de valoriser son capital. Il existe plusieurs enveloppes particulièrement attractives sur lesquelles il est judicieux de se positionner.
Se positionner sur le marché Actions via un PEA
Les actionnaires individuels, selon l’enquête Havas Paris CSA soutenue par l’Autorité des marchés financiers réalisée en 2014, sont plus âgés que la moyenne de la population puisque 38 % d’entre eux ont plus de 65 ans et 50 % sont retraités, signe que les seniors investissent massivement sur le marché Actions… où restent investis.
Il faut dire qu’ils peuvent compter sur une enveloppe particulièrement attrayante : le PEA, dont l’attractivité a été encore renforcée par la loi Pacte pour la détention longue. En effet, lors des 5 premières années de détention, tout retrait engendre la clôture définitive mais au-delà des 5 ans, la loi Pacte assouplit les règles et, désormais, entre cinq et huit ans, le PEA peut continuer de fonctionner même en cas de retrait. Et au-delà de 8 ans, le PEA peut à nouveau être alimenté, même si des sommes ont été retirées au préalable.
Les particuliers détenteurs d’un PEA depuis de nombreuses années peuvent donc continuer à investir sur cette enveloppe après 8 ans de détention et jouir des avantages fiscaux considérables liées à la détention longue : exonération de l’impôt de plus-values à compter de 5 ans.
Évidemment, le PEA, restrictif en termes de titres éligibles, pourra également être complété par un compte-titres, à moins que vous ne préfériez-vous cantonner aux unités de compte de votre contrat d’assurance-vie.
Profiter de la fiscalité de l’assurance vie passé 70 ans
Il pourra également être judicieux d’investir sur une assurance-vie en adoptant une répartition entre fonds euros à capital garantis et unités de compte plus risquées mais aussi potentiellement plus rémunératrices en fonction de vos objectifs d’investissement et de votre profil de risque. En effet, sachez que les intérêts et les plus-values des versements après 70 ans sont entièrement exonérés.
Vendre sa résidence principale pour placer son argent
Vous ne disposez que peu de liquidités pour investir ? Il pourra être avantageux pour vous constituer des revenus complémentaires issus de vos investissements, de vendre votre résidence principale et d’investir les fonds issus de cette vente sur les supports de votre choix.
Bien souvent, la vente de la résidence principale n’est cependant réalisée qu’à contrecœur car ce bien comporte une dimension affective : c’est là que vous avez vécu pendant toute votre vie, que vos enfants ont grandi avant de quitter le nid. Néanmoins, force est de constater qu’elle n’est pas forcément adaptée à vos besoins tant en termes de surface (vous n’avez plus réellement d’intérêt à avoir 3 ou 4 chambres) que d’aménagement (un escalier pourra s’avérer problématique une fois le grand âge venu). De plus, son entretien, surtout si elle est grande et comporte un vaste jardin, représente des sommes non négligeables. En la revendant pour acheter ou louer un bien plus en adéquation avec vos besoins actuels, vous pourrez faire baisser vos charges et disposer de cash à investir sur les marchés financiers, ou pourquoi pas immobilier, en investissant par exemple dans une SCPI.
Prêt immobilier : emprunter de l’argent quand on est un senior
Il est traditionnellement beaucoup plus difficile d’emprunter passé 60 ans, et surtout lorsque l’on est à la retraite. En effet, 4 % seulement des plus de 60 ans souscrivent un prêt immobilier selon une tribune de Magnolia parue en avril 2019.
En cause : les risques de santé que présentent cette portion de la population ainsi que des revenus souvent insuffisants. Et ce n’est pas l’augmentation de la CSG appliquée depuis début 2019 qui devrait inverser la tendance. Toutefois, l’indexation des retraites sur l’inflation annoncée par Macron le 25 avril 2019 pourrait légèrement améliorer la situation.
Les banques proposent d’ailleurs davantage de solutions adaptées aux seniors. Si l’assurance de prêt leur est souvent refusée en raison d’un état de santé trop dégradé, elles peuvent néanmoins compter pour une acceptation de leur dossier sur le recours à des garanties supplémentaires pour le crédit immobilier comme le prêt viager hypothécaire, le prêt hypothécaire cautionné ou le nantissement d’un contrat d’assurance-vie. Les établissements bancaires ont d’ailleurs allongé la limite d’âge d’emprunt, aujourd’hui fixée à 85 ans.
Souscrire un crédit consommation quand on est senior
Les crédits à la consommation ne comportent eux pas de limite d’âge. Selon une étude Cofidis-CSA Research sur la situation financière des seniors réalisée en février 2019, 15 % des seniors ont d’ailleurs contracté un crédit à la consommation au cours des 12 derniers mois. Ces crédits conso présentent l’avantage par rapport aux crédits immobiliers de ne pas nécessiter une assurance. Elle est en effet facultative sauf en cas de souscription d’une assurance décès-invalidité. Mais, d’après la convention Areas (Assurer et Emprunter avec un Risque de Santé), l’emprunteur-senior peut refuser cette assurance, même s’il est exposé à un risque de santé aggravé.
Les critères essentiels pour obtenir un crédit à la consommation restent la capacité de remboursement et la capacité d’endettement. Et, là encore, le patrimoine accumulé au cours de la vie peut servir de garanties au prêteur. De plus, les mensualités sont souvent faibles.
Le legs, la succession et la donation sont des problématiques de plus en plus prégnantes de la gestion de patrimoine au fur et à mesure que l’on avance en âge. Quelle fiscalité s’applique ? Comment faire baisser la facture ? Nos réponses.
Fiscalité des droits de succession
Le barème des droits de donation et de succession est le suivant :
Capital à transmettre | Taux d’imposition |
0 € à 8 072 € | 5 % |
8 073 € à 12 109 € | 10 % |
12 110 € à 15 932 € | 15 % |
15 933 € à 552 324 € | 20 % |
552 324 € à 902 838 € | 30 % |
902 839 € à 1 805 677 € | 40 % |
1 805 677 € et + | 45 % |
Il s’agit là des droits pour les successions et donations pratiqués en ligne direct, c’est-à-dire des parents aux enfants.
Les différentes solutions pour faire baisser les droits de succession
La fiscalité est relativement élevée mais il existe tout de même de nombreuses solutions pour réduire la facture à l’administration fiscale.
Donation de son vivant
Sachez que chaque parent bénéficie d’un abattement de 100 000 € par enfant, réutilisable tous les 15 ans. De plus, si les parents donateurs ont moins de 80 ans et que les enfants bénéficiaires sont soit majeurs ou mineurs émancipés, chaque parent peut en complément effectuer un don de somme d’argent de 31 865 euros par enfant tous les 15 ans.
Donation manuelle, donation simple et donation partage sont les trois types de donation auxquels vous pouvez avoir recours. Ne prenez pas seulement en compte la facilité avec laquelle vous pourrez effectuer cet acte mais prenez en compte également votre situation familiale (un ou plusieurs enfants, famille recomposée ou non, etc.).
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Démembrement
Le démembrement consiste à donner à vos héritiers la nue-propriété d’un bien tout en en conservant l’usufruit. Ce système permet de préparer la transmission du bien et d’en conserver la jouissance. Vous pourrez donc, selon la nature du bien démembré, continuer à percevoir les dividendes de votre portefeuille boursier ou le loyer d’un investissement locatif ou habiter votre résidence principale, alors même que vos enfants en sont les nue-propriétaires. Les enfants ne recevant que la nue-propriété du bien ne payent de droits de donation que sur cette partie et, au décès des parents, l’usufruit rejoint la nue-propriété en franchise totale d’impôt.
Découvrir notre article Mieux gérer son patrimoine grâce au démembrement de propriété
La succession via une assurance vie
Le contrat d’assurance-vie est une enveloppe avantageuse en matière de succession, surtout si ce dernier a été alimenté avant les 70 ans de l’assuré. De fait, en ce qui concerne les versements ayant lieu avant cet âge, le bénéficiaire du contrat percevra les fonds sans droits de succession jusqu’à 152 500 €, puis avec une taxation forfaitaire de 20 % entre 152 501€ et 700 000 €. Au-delà de 700 000 €, la taxation est de 31,25 %. Attention, pour les versements intervenant après les 70 ans de l’assuré, la fiscalité est moins favorable mais permet tout de même au bénéficiaire d’être exonéré de droits de succession jusqu’à 30 500 €. Ensuite, c’est le barème des droits de succession qui sera appliqué.
Sachez aussi que le contrat d’assurance-vie vous permet, au travers de la clause bénéficiaire, de désigner le bénéficiaire de votre choix (et donc pas seulement vos héritiers : conjoint et enfants), sans toutefois léser les héritiers réservataires que sont vos enfants.